ÇA COMMENCE COMME ÇA…
2 AVRIL

RUPTURES

2 avril – Dans mon lit – 15h03
Incapable de bouger, incapable de chasser les idées noires
qui me hantent, je serre les mâchoires au moindre vertige.
Incrusté dans le matelas, le mal-être me consume. Je ne
trouve pas le sommeil malgré les signes alarmants de
fatigue. Les nausées me maintiennent éveillé. J’ai peur de
m’endormir… peur que mon cerveau me lâche, peur que
mon coeur s’arrête de battre. Ces angoisses sont de plus en
plus fréquentes, intenses, poignantes.

Flashback !
J’ai 24 ans. Je me revois l’avant-veille, le 31 mars, au bar,
enchaînant les pintes, avec le désir, le besoin de m’abreuver de
ce liquide qui réchauffe mes veines. Autour de moi, des rires, des
paquets de clopes, des potes d’école de commerce. Manon se
vante de sa soirée folle vendredi dernier à la Concrète, Alexandre
nous romance sa dernière conquête, Alice parle de ses désirs de
vacances au soleil. Classique ! Moi, je bois. Je plane. Plus rien ne
m’atteint. Je commande ma septième bière. Voilà, j’ai ma dose !
La boule d’angoisse a enfin disparue. Mes démons me libèrent.

2 avril – Dans mon lit – 15h05
Quel enfer, l’angoisse est revenue ! Tapie au fond de mes
entrailles, elle se cache, se camoufle, puis bondit, affamée,
pour se saisir de mon coeur.  » Chassez le naturel, il revient
au galop.  » Ce naturel, ou plus exactement ce qui m’est
devenu naturel, c’est bien évidemment la gueule de bois
qui, pour la faire taire, a besoin d’être à nouveau nourrie
par l’alcool. L’alcool appelle l’alcool et je soigne cette
gueule de bois comme je peux. Je la tabasse sans scrupules
à coups de whisky, de rhum, de pastis, bref, de tout ce qui
se boit.
Depuis bien longtemps je ne me maudis plus d’avoir trop
bu, d’avoir poussé le bouchon au-delà de mes limites, de
m’être encore servi les verres de trop. Mais aujourd’hui, je
n’ai même plus la force de noyer ma gueule de bois avec (à suivre)